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09/04/2014

Selon 'Libération', L'Eglise "pèche à l'extrême droite"

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Petit coup médiatique... Mais du sérieux à l'arrière-plan :

 


Nouvel épisode de la guérilla entre les journalistes de Libération et leurs actionnaires ! Le lendemain du grand discours de Manuel Valls, comment ces journalistes pouvaient-ils gêner leurs ennemis jurés : l'actionnaire principal Bruno Ledoux et son sarkozyen directeur de rédaction, Pierre Fraidenraich, acquis tous deux à Valls ? En faisant le gros titre ce matin sur... autre chose que Valls. Et de préférence, sur un sujet sexy pour le lecteur de Libé. Quoi de mieux que le sujet par excellence : les moeurs ? L'angle était tout trouvé : c'était le débat de Lourdes, entre évêques, autour des manifestations contre le ''mariage pour tous''.

Que s'était-il dit à Lourdes, en gros ? Que les catholiques français avaient eu raison de s'engager, mais qu'ils ne devaient pas se laisser politiser et s'enfermer dans la polémique : c'est-à-dire déserter le terrain de l'évangélisation. D'autant que les moins rationnels risquent le pire sur le plan de la foi : se laisser capter par un extrémisme non cathocompatible mais qui fait sa pelote depuis un an dans les milieux LMPT. [1]

Comment Libération a-t-il présenté ce débat ? En le faussant totalement, sous le titre ''L'Eglise pèche à l'extrême droite''. (Le bobo aime ce genre de gore : il connaît l'Eglise grâce aux séries télé sur l'Inquisition).

Le concept d'extrême droite est très flou à Libé, qui a fait éclater cette notion politique en voulant trop la remplir : c'est-à-dire en l'étendant à tout ce qui ne correspond pas à la surenchère ultra-individualiste. (En quoi la gauche bobo est d'accord avec le marketing). Sont ainsi dénoncés comme ''d'extrême droite'' un certain nombre d'intellectuels impeccablement antiracistes, mais qui ont le tort de n'avoir pas renoncé à l'anticapitalisme ni à l'antilibéralisme et de dire ce qu'on n'a pas le droit de dire : à savoir, que la loi Taubira et ce qui va suivre (PMA, GPA etc [2]) sont les produits du schéma ultralibéral, avec l'industrie biotech en infrastructure). Cette relation de cause à effet n'est décrite que par des non-conformistes, presque en samizdat ; vous n'en lirez pas un mot dans les médias commerciaux. Ni dans la blogosphère bobo. Ni dans la blogosphère catho libérale [3], ce qui donne la mesure de son indépendance d'esprit.

Une véritable ''extrême droite'' existe néanmoins. Elle n'est pas cathocompatible (comparez ses positions avec celle du pape), mais elle a des succursales en milieu catho. Elles applaudissent le pape le plus fort possible... pour couvrir le son de sa voix. Cette imposture – avec l'écho qu'elle peut avoir – est un souci pour la conférence épiscopale, mais il ne faut pas s'exagérer ledit écho : cette blogosphère est plus fréquentée pour ses selfies de la ''France bien élevée'' que pour ses hommages à des écrivains antédiluviens.

Le souci de la CEF

La CEF s'inquiète de l'imposture extrémiste minoritaire (et de certaines naïvetés y compris dans le clergé), mais elle se soucie aussi de la politisation majoritaire du milieu catho. Les tumultes de 2013 ont permis à l'UMP de jouer la comédie de la sympathie LMPT : chose facile puisque ses électeurs formaient le gros des manifs. En retour, il y a eu fixation psychologique, de la part d'un trop grand nombre d'électeurs-manifestants, sur les échéances électorales : comme si ces échéances (et leur arrière-plan partisan) allaient changer quoi que ce soit à la dérive ultralibérale du monde atlantique, véhiculée par des ''réformes sociétales'' qui auraient pu être pensées autrement. Or nombre de ces électeurs-manifestants sont des catholiques... L'Eglise ne leur conteste évidemment pas leur liberté de préférences politiques : mais elle rappelle aux catholiques – comme elle l'a toujours fait – que leur premier devoir n'est pas la politique mais l'évangélisation. C'est pour cela que le pape Pie XI voulut dissiper en 1926 (vieille histoire) la confusion créée par l'Action française ; une situation comparable est en train de se nouer, et dans des proportions autrement plus vastes que celle de 1926 puisqu'il ne s'agit plus d'un lectorat (ni d'un journal ne tirant qu'à cinquante mille exemplaires), mais de tout un électorat, dans l'esprit duquel les enjeux partisans risquent de masquer les priorités évangéliques.

Sur quels plans le partisan pourrait-il masquer l'évangélique ? Sur le plan dérivé (la pensée socio-économique chrétienne) et sur le plan principal (le message du Salut par le témoignage évangélique).

Dans le domaine socio-économique, les partis sont aux antipodes de ce que prône l'Eglise  (relisez le pape François). Si les catholiques s'en remettent aux partis, ils tournent le dos à la DSE.

Dans le domaine de l'évangélisation, ce contre-témoignage socio-économique est déjà un mauvais point (surtout dans le contexte du chômage de masse et de l'angoisse sociale). Mais toute fixation des catholiques sur le politique (quel qu'il soit) est une erreur de perspectives : l'engagement politique et social doit être le surcroît de la démarche spirituelle, et non son substitut ! Sinon le catholique devient un déserteur. 

Chez les catholiques français, le crime des années 1950 à 1980 fut de séparer ce qui est inséparable : le Credo et l'engagement social. Au lieu d'être social puisque croyant, on croyait devoir choisir : ou bien ''les dogmes'' et ''la morale'', ou bien ''le social''... Mortelle erreur ! Cette hémiplégie menace de récidiver aujourd'hui, à la faveur de la confusion politico-polémique née de la bataille de 2013 :

- d'un côté Libération nous sort, en soi-disant chef de file du ''catholicisme d'ouverture'', l'avocat d'affaires (très proche de François Hollande) Jean-Pierre Mignard. Lui aussi contredit objectivement le pape François mais l'applaudit à grand bruit... C'est donc le retour du ''lâchons les dogmes pour être sociaux'', à ceci près que le ''social'' de Me Mignard et du PS – et d'EELV – n'est plus social, mais sociétal : il se réduit au libéralisme des moeurs. Le ''catholicisme d'ouverture'' consiste-t-il, pour la gauche, à enfermer les cathos dans un libéralisme qui ne les séduit déjà que trop à droite ?

- De l'autre côté, les libéraux-cathos, lourdement inquiets de ce que dit le pape sur le plan économique et social (notamment dans Evangelii Gaudium), contre-attaquent ces jours-ci en ressortant leur vieux discours des années Madelin. Discours cauteleux, en pure langue de buis, mais dont le filigrane est : ''à l'Eglise la morale des familles, aux marchés tout le reste'' ! ce qui est une autre façon de séparer le Credo et le social ; et une autre insulte, non seulement au pape mais au Christ et à l'Evangile. Notez d'ailleurs que la fameuse ''blogosphère catho d'extrême droite'' (dont Libé feint d'avoir si peur) est en réalité une antenne commerciale de ce lobby libéral : backstage connection que l'article de Libé constate lui-même, au passage et sans s'en rendre compte.

Le "dogme" contre le social ? Cette menace de retour à la schizophrénie des seventies est très sérieuse. Si elle devait se concrétiser, elle barrerait le chemin de la nouvelle évangélisation.

On espère que nos évêques prendront la parole sur ce sujet en l'abordant de front.

 

__________

[1] La tentation des années 1930 (paganisme de droite sous apparence catholique) a ressurgi en 2013. Elle succède à la tentation des années 1970-1980 (paganisme de gauche sous apparence chrétienne).

[2] PMA : Manuel Valls fait publier le rapport Théry. ''Mais la GPA n'est pas au programme !'' Non, bien sûr. Le gaz de schiste non plus. (Et pourtant...)

[3] Quant à la blogosphère catho-tradi, elle croit que tout ça ''n'est qu'un complot maçonnique'' comme en 1880. (C'est ce que me disait encore il y a quelques mois une dame énervée à la sortie d'une conférence).

[4] En l'occurrence l'UMP... Mais ce serait aussi le cas avec le PS. Et avec le FN, sous d'autres angles.

  

 

Commentaires

AU MOINS SUR UN POINT

> Cet article prouve au moins que Libération a changé sur un point. Se fondant sur les analyses de Terra Nova et Golias, Libé (et tous les bobos-socialistes-libertaires) avait tiré un trait sur l'Eglise catholique, déclarée moribonde en France, sur laquelle on pouvait s'essuyer les pieds sans risque avant de lui donner le coup de grâce.
Raté Libé: c'est plus compliqué et tes conseillers ne sont pas judicieux ! L'Eglise est encore là: il est donc prudent de s'y intéresser autrement que par l'émotion, le mépris, le mensonge et la violence.
C'est dur pour Libé et les siens, un vrai effort de Carême !
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Écrit par : B.H./ | 09/04/2014

COMPLIQUE !!

> Qu'est-ce que peuvent être compliquées ces confusions mentales (et morales) !
Et quand on trouve des commentaires de catholiques qui disent que dénoncer les crimes de Monsanto, c'est la même chose que d'accuser les juifs d'empoisonner les puits pendant les épidémies de la fin du Moyen-Âge, il y a vraiment de quoi se poser beaucoup de questions ...
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Écrit par : Aurélien Million / | 09/04/2014

LIBERALISME

> Dommage que Mgr Pontier ait cru une nouvelle fois utile de placer un paragraphe euopéiste dans son discours. Le voir soutenir un projet politique intrinsèquement libéral laisse perplexe.
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Écrit par : Pierre Huet / | 09/04/2014

JAMAIS

> Analyse exacte. La droite catho est en pleine débandade mentale. Grand invité du journal 'Présent' maintenant : Alain de Benoist, parce qu'il est contre le Gender ! Accessoirement A de B est le théoricien de l'antichristianisme intellectuel le plus radical : mais qu'importe, la seule chose qui compte est d'être contre le Gender, n'est-ce pas, y a pas à chercher plus loin. Alors les ovins ahuris invitent le loup virtuose. "On ne pense rien : jamais, jamais, jamais !"
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Écrit par : Daniel Ansiau / | 09/04/2014

DU ROMAN

> Sans doute un article "explicatif" destiné à ses lecteurs qui n'y connaissent rien et les enferment dans de fausses idées. De la désinformation en bonne et due forme, comme dans les "grands romans" : On mélange du faux et du vrai, ainsi le lecteur croit le faux qu'il ignore car il a pour preuve un peu de vrai qu'il connait. Le pbm est qu'ici il ne s'agit pas d'un roman mais d'un quotidien d'information.
Pendant ce temps là, l'absent de l'Assemblée européenne 1er sercrétaire du PS se retrouve secrétaire d'Etat aux affaires européenne et Peillon, chantre du Gender, tête de liste PS pour les élections européenne.
http://www.linternaute.com/actualite/politique/dossier/assiduite-des-deputes-europeens/parlement-europeen-qui-sont-les-rois-de-l-absenteisme.shtml
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Écrit par : franz / | 10/04/2014

GAG

> Gag : vous ne désignez pas nommément les "blogs d'extrême droite" - qui disent d'habitude qu'ils ne sont pas d'extrême droite - mais ils se sont quand même reconnus et s'énervent contre ce que vous dites de l'extrême droite !
C'est la vieille blague : "Y a-t-il un sourd dans la salle ?" - "Oui, moi."
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Écrit par : Dr Ventouse / | 10/04/2014

POURQUOI PARLER DU F.N. ?

> Je suis catholique, pratiquant avec des responsabilités dans mon diocèse et je vote, lors de certains scrutins, front national. Je le dis à visage découvert et je supporte mal ces procès en excommunication. Je suis prêt à débattre avec vous. Je ne me sens ni raciste ni d'extrême droite et je me crois assez libre pour ne pas me laisser manipuler. Etes-vous prêts au dialogue ?

Ripoll


[ PP à Ripoll :
- Vous votez FN ? c'est votre affaire.
- Ce sujet n'est pas le nôtre ici. Mon analyse (ci-dessus) n'est en rien un "procès en excommunication" contre le FN et ne le concerne pas ; elle en parle à peine, dans une note accessoire et avec le PS et l'UMP.
- Tout le monde sait qu'il y a une extrême droite hors du FN.
- Le sujet de mon analyse, et des commentaires qui la suivent, concerne l'extrême droite opérant aux marges du mouvement LMPT (mouvement auquel le FN n'a d'ailleurs pas participé). Mon analyse concerne notamment la droite catho-libérale : ce qui ne saurait viser Mme Le Pen et son état-major, lesquels ne sont pas catho (et ne sont plus libéraux - au moins en paroles).
- La seule chose qui puisse irriter un lepéniste dans mon analyse, c'est qu'elle place le FN sur le même plan que les autres partis (ne serait-ce que dans son hostilité viscérale envers l'écologie). Mon avis m'est personnel et n'est certes pas une "excommunication" : c'est juste un avis, souvent exprimé ici depuis neuf ans, et sur lequel je ne vois pas l'urgence d'ouvrir un débat. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Ripoll / | 10/04/2014

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